La concordance des témoignages
Ce qui frappe chez ces témoins qui ne se sont pratiquement
jamais rencontrés depuis la guerre, c’est la concordance de leurs analyses,
malgré des parcours professionnels très différents, (après la guerre), qui
leur autorisaient une grande liberté d’expression :
- le résistant Paul Bignon termine la guerre à la tête de
sa compagnie de tirailleurs ;
- l’Intendant de police Duchon est nommé général à la
Libération ;
- Jean Chapel, le directeur de cabinet de Sabatier, poursuit
une carrière préfectorale;
- Adrien Marquet, le maire de la ville, voit le Grand Rabbin
Cohen lui rendre hommage en 1947, durant son procès, pour son action en faveur
des Juifs ;
- Jacques Dubarry, le jeune rédacteur stagiaire a observé
de l’intérieur la vie d’une préfecture assiégée.
Tous les cinq, travaillant à l’époque dans des sphères
autonomes, reconnaissent que préfecture, mairie, police, tentent avec leurs
moyens dérisoires de limiter l’ampleur des déportations des Juifs. Personne
ne connaît ou imagine le drame de la solution finale. Comme le dit Jacques
Dubarry, natif de Bordeaux : nous imaginions une sorte de STO… Malgré
tout, il est étonnant de voir la similitude de leurs réactions face aux
arrestations allemandes. Duchon, Marquet, Cohen, tiennent le même discours à
la communauté juive : partez, partez, partez… mais ils sont peu
écoutés.
Les deux témoignages qui suivent ont été recueillis en
1999 : celui de Pierre Saufrignon et de Jean Philippe Larrose sont
suffisamment éloquents en eux mêmes pour ne pas réclamer de commentaires.