Condamner un homme, cinquante ans après les faits, en vertu d’une
jurisprudence spécialement construite pour le procès, implique des faits d’une
exceptionnelle gravité : ce fut l’accusation de crimes contre l’humanité
et Maurice Papon fut condamné à partir d’une reconstitution partielle et
partiale des faits. Personne n’est en effet en mesure d’effacer l’Histoire
et les accusateurs n’avaient probablement pas saisi qu’il était impossible
de faire disparaître la masse des témoignages contredisant la culpabilité de
Maurice Papon.
Si Maurice Papon était coupable, il faudrait en tirer les conséquences.
Elle sont multiples puisque nous en avons compté dix sept dont nous
dressons la liste.
1) Le grand Rabbin Cohen a-t-il perdu la mémoire lorsqu’il
témoigne que la Préfecture était solidaire de la communauté juive pour
limiter les déportations ?
2) Michel Bergès est-il de mauvaise foi, lorsqu’il
démontre que le service des questions juives de Maurice Papon a sauvé plus de
quatre cents juifs ?
3) René Mayer, haut dignitaire juif et ministre du
général de Gaulle, s’est-il fait abuser de 1944 à 1958, lorsqu’il assure
la promotion de son protégé, Maurice Papon, pendant quinze ans ?
4) Le juge Guyonnet-Duperat, qui a présidé le tribunal
militaire de Bordeaux, après la Libération, est-il partial en affirmant ne
jamais avoir reçu de plaintes contre Maurice Papon ?
5) Pourquoi le commissaire Poinsot, chef de la SAP, et
Dehan, chef de la Section des Affaires juives, (SEC), tous deux aux ordres des
Allemands, n’ont-ils pas considéré comme utile de mettre en cause Maurice
Papon, devant le tribunal qui les a condamnés à mort. Pourquoi ?
6) Pourquoi Luther, le chef du KDS et Dohse, chef de la
Gestapo, n’ont-ils pas jugé nécessaire d’impliquer la Préfecture et Papon
en particulier, durant leur procès. Pourquoi ?
7) Pourquoi Jules Moch, ministre de l’Intérieur de la
IVe République et qui était Israélite, a-t-il toujours soutenu Maurice Papon.
Pourquoi n’a t-il jamais reçu de lettres concernant le secrétaire général
de la préfecture de Bordeaux ? Pourquoi lui a t-il fait décerner la
légion d’honneur pour son comportement de Résistant ?
8) Pourquoi Michel Debré, petit-fils de Rabbin, a-t-il
entériné la nomination de Maurice Papon comme préfet de Police de Paris,
(nommé par Bourgès Maunoury).
9) Pourquoi Jacques Soustelle, qui dirigeait les
services spéciaux du gouvernement provisoire d’Alger, aurait-il enterré le
dossier Papon. Pour quels motifs ?
10) Pourquoi Bourgès-Maunoury, président du Conseil
sous la IVème République, n’aurait-il pas entendu les plaintes des Juifs
bordelais à l’encontre de l’ancien secrétaire général ?
11) Pourquoi Roger Landes, Juif anglais, responsable du
SOE anglais pour la Gironde qui fut l’un des chefs de la Résistance à
Bordeaux aurait-il écrit que Maurice Papon était le seul fonctionnaire sur
lequel il pouvait compter ? Aurait-il laissé déporter ses
coreligionnaires sans réagir ?
12) Pourquoi François Mitterrand serait-il partial
lorsqu’il déclare qu’une instruction aussi longue est attentatoire à la
démocratie ?
13) Pourquoi le général de Gaulle, en Septembre 1944,
entérine-t-il à Bordeaux la nomination de Maurice Papon auprès du nouveau
commissaire de la République, Gaston Cusin ? En1958, il confirme Papon
comme Préfet de police de Paris. Ne s’est-il jamais renseigné ?
14) Tous les grands Résistants qui maintiennent leur
soutien à Maurice Papon, (Marie-Madeleine Fourcade, Roger Samuel Bloch, Jean
Morin, Guy de Saint Hilaire, le R.-P. Riquet, Jean Jaudel, Jean Mattéoli, Léon
Boutbien, Maurice Travers, Alain Perpezat, Christian Campet, Robert de La
Rochefoucaud, Roger Lhombraud, Aimé Aubert, etc.), n’auraient-ils pas compris
ce que signifiait la guerre, la mort, la déportation, la Résistance, et
soutiendraient inconsidérément un crime de bureau en défendant Maurice Papon ?
15) Jean Philippe Larrose, qui connut tous les grands drames
de Bordeaux en tant qu’interprète auprès de la Kommandantur, se trompe-t-il
lorsqu’il affirme que la Mairie et la Préfecture ont fait tout leur possible
pour sauver des Juifs chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion ?
16) Helbronner, le président du Consistoire durant l’Occupation,
a-t-il eu tort de penser que ses négociations permanentes avec Pétain ont
permis de sauver une grande partie de la communauté juive française ?
17) L’amiral Leahy, ambassadeur des USA auprès du
gouvernement de Vichy, et son successeur Tuck, n’ont jamais attiré l’attention
du président Roosevelt sur les déportations juives. Ont-ils voulu cacher la
vérité ou l’ignoraient-ils ?
Face à tous ces témoignages, une " nouvelle
histoire " veut s’affirmer. Celle des nouveaux procureurs : un
Michel Slitinsky confondu publiquement durant le procès de Bordeaux et un Serge
Klarsfeld récusant le Droit en exigeant une condamnation.