Hubert de Beaufort         Le Livre Blanc      
                Une étude exhaustive de l'histoire de l'occupation de Bordeaux
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© Hubert de Beaufort, Paris 2001

4- Jean Chapel, directeur de Cabinet du préfet Sabatier

Jean Chapel assuma les fonctions de directeur de cabinet de Maurice Sabatier. A ce titre il était le seul dépositaire du chiffre qui permettait à la Préfecture de communiquer secrètement avec Vichy. Jusqu’en Novembre 1942, l’essentiel des informations importantes transitaient par ce canal qu’ignorait Maurice Papon.

Signalons aussi que le prédécesseur de Chapel, Reige, était considéré comme le numéro deux de la Préfecture dirigée par Pierre-Alype. La lettre de Jean Chapel est adressée à Charles Verny, Vice président du Comité d’action de la Résistance.

Jean Chapel, témoigna en juin 1981 auprès du jury d’honneur qui se pencha sur les débuts de l’affaire Papon. Il s’est exprimé sur Pierre Garat, chef du service des questions juives, nommé à ce poste par le préfet Pierre-Alype, et maintenu ensuite dans les mêmes fonctions par le préfet Sabatier. Jean Chapel s’exprime en ces termes :

1- Pierre Garat était à notre arrivée à Bordeaux, le chef du service des questions juives. Je ne connais pas le détail de ses attributions : c’était en principe les problèmes intéressant tant les biens que les personnes, tels que les posaient le gouvernement de Vichy…. "

" Ses responsabilités étaient celles d’un chef de bureau, mais je crois pouvoir ajouter que Garat, qui s’était associé depuis 1940 à la politique de collaboration du préfet Pierre-Alype, assumait des responsabilités élargies, allant jusqu’à être en charge des démarches auprès de la sûreté allemande au Bouscat. Je me souviens assez peu de lui, car pour nous tous, il était suspect de collaboration ".

" 2- Lucien Dehan. Je n’ai pas gardé souvenir de lui, si son nom reste bien net dans ma mémoire ".

" 3- Il est possible et vraisemblable, que la lettre du 22 Mars 1943 de Maurice Papon à l’Intendant de Police était en effet une pièce de régularisation interne. L’Intendant de police Duchon, officier honnête et courageux, était en effet plus que soucieux des opérations que lui faisait mener la politique suivie par le gouvernement, touchant les Israélites, les communistes, les résistants en général. Je l’ai souvent entendu demander confirmation écrite au préfet régional ".

" Ces documents de régularisation interne étaient fréquents et établis après les faits, a cause de l’extrême rapidité d’action des autorités allemandes, qui intervenaient parfois en pleine nuit auprès de l’Intendant de police pour exécution immédiate ".


Ce témoignage de Jean Chapel est intéressant à plusieurs titres.

- Garat est en charge du service des questions juives depuis l’origine : sous Pierre-Alype d’abord avec le secrétaire général Delanney, sous Sabatier ensuite avec Maurice Papon. Collaborateur engagé, Garat fréquente la Gestapo du Bouscat. Papon arrivera à le retourner, mais il lui faudra beaucoup de temps et beaucoup de patience.

- Chapel confirme le rôle clef de l’Intendant de Police Duchon, intermédiaire permanent et obligé entre la préfecture et les Allemands qui s’adressent presque toujours directement à lui, de jour comme de nuit. Les régularisations administratives s’effectuent après coup, sous l’autorité du préfet régional.

- La contrainte allemande est à la fois omniprésente et permanente. Qui rend compte aux Allemands ? La forme prise par les Allemands pour faire pression sur la préfecture change constamment : rien n’est jamais acquis avec en toile de fond les déportations et les exécutions.