car encore vivants, sur Bordeaux
occupé :
- Jean Philippe Larrose, interprète de l’Université auprès de la
Kommandantur.
- Pierre Saufrignon, policier résistant, déporté à Neuengamme.
Ces sept témoins ont connu l’Occupation à Bordeaux
entre 1940 et 1944. Le regroupement de leurs témoignages apparaît comme
essentiel : les premiers ont participé directement au fonctionnement
administratif de la Préfecture, mais nous ne possédons que leur témoignage
écrit, alors que les seconds, toujours vivants, peuvent expliquer le passé
tout en étant à même d’apprécier la façon dont le procès a présenté
les faits.
Les interviews de Pierre Saufrignon et de Jean Philippe
Larrose ont été enregistrés et ces deux grands témoins ont accepté d’attester
les déclarations faites devant les caméras.
Le sens des témoignages bordelais
Ces témoignages ne prennent tout leur valeur que si l’on
a pu comprendre au préalable le fonctionnement des structures très
particulières de l’Occupation, avec le climat d’oppression totalitaire qui
pesait alors sur les Français. En cette année 2000, qui pourrait imaginer qu’une
infraction, même légère, pouvait amener en camp de concentration et même
devant le peloton d’exécution en tant qu’otage ?
Les cinq premières personnes que nous présentons
occupaient des fonctions complémentaires qui permettent de fort bien cerner le
fonctionnement de la Préfecture : le maire de la ville, l’Intendant de
Police, le directeur de Cabinet du préfet régional, le chef de service des
questions juives et un Résistant réfugié chez Maurice Sabatier. Un panel
représentatif, d’autant plus crédible qu’ils sont décédés depuis
longtemps : ils se sont exprimés librement hors de toute contrainte.
Quant à Jean Philippe Larrose et Pierre Saufrignon, le
premier est à même d’expliquer le fonctionnement des organisations
allemandes vues de l’intérieur et le second les conditions dans lesquelles
travaillaient la Préfecture et les forces de police. Larrose n’a pas été
cité au procès et si Saufrignon a témoigné, il ne cache pas aujourd’hui
que les cartes étaient pipées et que Maurice Papon ne pouvait échapper à la
condamnation.