Comment comprendre le processus de déportations
des Juifs sans connaître au préalable l’organisation du système allemand de
répression, la place de la Gestapo, les fonctions des responsables, les
instructions de Berlin concernant la solution finale ?
Pour la première fois sont présentées les
différents structures policières et l’interview exceptionnel de celui qui
fut le chef des services allemands de l’Occupation : Helmut Knochen.
L’organisation des déportations, initiée par
Berlin sous l’autorité du chef de la Gestapo Müller et de son adjoint
Eichmann, était à la fois planifiée et compartimentée afin de conserver le
secret sur les objectifs de la solution finale. L’obéissance aveugle aux
ordres était certes une des clefs du système nazi, mais l’interdiction de
communiquer avec toute autre personne que son supérieur direct constituait un
deuxième dogme. L’indiscrétion, même involontaire, pouvait être punie de
mort.
Administrativement, l’équipe allemande de Paris
(Brunner, Dannecker, Röthke), chargée des déportations juives était bien
rattachée à la Gestapo, mais le sinistre trio recevait directement ses ordres
d’Eichmann : les instruction étaient ensuite transmises pour application
aux autorités policières et militaires intéressés.
Au niveau de la haute hiérarchie, seul le
général SS Oberg, homme de confiance d’Himmler, connaissait dès 1942 la
destination tragique des convois. Il semble, qu’en avril 1943, le gouvernement
français, le consistoire juif et les officiers supérieurs allemands ont eu
connaissance du génocide de la Shoah (1).
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